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Gouvernance

Quelle vision de l’université voulons-nous partager ? Et quel mode d’organisation souhaitons-nous promouvoir pour que les enseignants-chercheurs, les BIATSS et les étudiant.e.s s’y trouvent associé.e.s ?

Depuis la Loi LRU (Loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités) de 2007 et la loi ESR (Loi relative à l'Enseignement Supérieur et à la Recherche) de 2013, nos établissements doivent répondre à de nombreuses injonctions et impératifs contradictoires. Il nous faut faire avec des contraintes réglementaires et budgétaires de plus en plus pesantes et instruire des dossiers dont le degré de technicité va croissant ; il faut composer avec des orientations, voire des diktats ministériels tout en opérant des choix qui impliquent une multiplicité d’acteurs, en interne comme en externe.

Ces contraintes et ces complexités ne feraient que croître si la LPPR (Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche) devait être adoptée. Au nom de la modernisation (le devoir de « s’adapter ») et de la performance (l’objectivité du résultat), l’équipe présidentielle et, dans certains cas, le président pourraient prendre des décisions concernant les carrières, les promotions et… les exclusions. Ces réformes sont potentiellement destructrices car elles ne concernent plus seulement l’organisation universitaire, mais la structure même de l’institution. Elles peuvent contribuer à une perte de sens pour chacun dans l’exercice de ses missions, générer des clivages, menacer la possibilité d’une université ouverte à tou.te.s les étudiant.e.s.

Nous refusons l’application de règles managériales qui contournent la discussion démocratique et peuvent donner à chacun le sentiment que ses compétences, voire sa probité, et (pourquoi pas ?) son utilité sont mises en cause. Nous prônons un monde du travail fait de respect mutuel, de confiance, d’entraide. Nous voulons garantir des espaces et des temps d’écoute et de partage des points de vue. Il ne suffit pas de recueillir des avis : ce sont des expériences différentes qu’il faut comprendre.

Il existe donc une impérieuse nécessité de réinvestir le champ de la gouvernance universitaire pour garantir une solidarité des personnels enseignants et BIATSS dans leurs missions de service public auprès des étudiant.e.s.

Des informations partagées

Les listes « Montaigne en partage » proposent, parce que cela est tout à la fois une nécessité et notre conviction, de « faire université » ensemble. Nous ne pouvons pas nous investir pleinement dans nos missions si nous ne sommes pas toutes et tous convaincu.e.s de la fiabilité du cadre dans lequel elles s’inscrivent.

Dans l’exercice de ses fonctions, un risque majeur pour l’équipe présidentielle serait de se replier sur elle-même et de perdre de vue la communauté des personnes qu’elle doit représenter. Un autre risque serait de s’enfoncer dans la conviction d’avoir toujours raison, comme si les collègues se répartissaient entre ceux qui « font et savent » et ceux qui, parce qu’ils ne « feraient » pas, alors ne « sauraient » pas, ou pas suffisamment. Pour empêcher une telle dérive, nous affirmons qu’il faut mettre en place des règles du jeu.

  • Pour chaque conseil, lorsque se présentent des décisions importantes (relatives au budget et à la campagne de postes, notamment), nous proposons de préparer les séances avec l’ensemble des élus, en garantissant ainsi une information égale pour tou.te.s.
  • Chaque année, des assemblées générales des personnels, élargies aux élus étudiants des trois conseils et des composantes, seront organisées afin de présenter les grandes orientations de l’établissement en matière de budget et de politique de l’emploi.
  • Des comptes rendus de la Conférence des Directeurs/trices d’UFR et d’Instituts et des conseils d’UFR seront publiés. Il importe que chacun.e puisse disposer d’une vision d’ensemble de son université et des différents débats qui s’y tiennent. Il s’agit ici de remédier aux évidentes rigidités introduites par la réforme interne. Certes, tant sur le plan des formations que de la recherche, des collaborations inter-UFR ont pu naître et se développer. Mais les porteurs et responsables des formations et projets concernés disent tous qu’il faut améliorer le partage de l’information, décloisonner les disciplines, favoriser la transversalité.

Une décision co-construite

Il faudra aussi donner place au débat pour co-construire les orientations. Il s’agit de donner du sens aux décisions à prendre et de les partager. Les conseils doivent être, non des chambres d’enregistrement ou des tribunes, mais des lieux où s’exerce l’intelligence collective.

Le mode de gouvernance que nous proposons doit permettre à chaque acteur de notre université de s’approprier le devenir de son établissement.

En amont des décisions, il faut pouvoir discuter des projets dont l’équipe présidentielle sera porteuse. Des opportunités partenariales peuvent se présenter, des occasions de financement être saisies, des chantiers être ouverts : avec quels enjeux, quelles contraintes, quels bénéfices ?

Notre établissement devra se positionner et s’impliquer. Il faudra, dans l’espace du mandat qui vient, renégocier nos conventions avec l’Université de Bordeaux et avec le CNRS, étoffer nos collaborations avec les Écoles d’art et d’architecture, mener à bien les négociations du Contrat de Projet État Région (CPER) et bâtir une nouvelle offre de formation. En effet, une équipe présidentielle a la charge d’inscrire la communauté qu’elle représente dans un devenir et un avenir. Il convient que, pour tout projet majeur, un temps de concertation soit accordé.

Parce que l’élaboration en commun d’un projet ne saurait se réduire à de la circulation d’informations, nous préconisons des solutions concrètes :

  • Une permanence régulière par UFR, auprès des collègues du DEFLE et de l’IUT sera mise en place avec des représentants de l’équipe présidentielle afin d’entretenir un dialogue avec les collègues des composantes, de porter des dossiers à leur connaissance et de recueillir leurs suggestions, interrogations, voire oppositions.
  • Création d’un.e chargé.e de mission placée sous le sceau de la transversalité inter-UFR, afin de faire le lien, souple et efficace, tant en matière de formation que de recherche, entre des collègues de composantes différentes désireux d’initier ou de développer des collaborations entre composantes.
  • Invitation aux conseils centraux des directeurs d’UFR, d’instituts, de départements, d’unités de recherche, en fonction de l’ordre du jour. Le directeur de l’École Doctorale sera invité permanent de la Commission de la Recherche et à la CDUR.
  • Poursuite de la démarche de formation des directeurs d’UFR, tant sur les textes réglementaires en vigueur, que sur le pilotage financier et sur les problématiques RH. Nous souhaitons étendre ce dispositif aux directrices et directeurs de départements qui le souhaitent, tant il est vrai qu’une part importante du travail de direction de notre université échoit à ces collègues.
  • Création, dans la continuité de la commission précarité, d’une assemblée informelle pour prendre la mesure de la qualité de vie sur le campus.
  • Mise en place – parce que notre université est également forte de ses partenariats – d’un « conseil stratégique ». Sa mission sera de réunir annuellement nos partenaires extérieurs (UB, CNRS, Cap Sciences, Région Nouvelle Aquitaine) afin d’échanger sur les grandes orientations stratégiques de l’université en matière de recherche et de formation.
  • Avancement de la campagne d’emplois, si possible avant l’été, pour mener des discussions plus sereines quant aux besoins de postes. Seront prises en compte les priorités de l’établissement et les besoins en formation et recherche et seront maintenues les priorités en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap (BOE) et de la progression de carrière des PRAG vers le statut de MCF. De manière générale, la concertation sera au centre de la politique de ressources humaines de notre établissement, politique que nous voulons juste et équitable.

Une diversité de points de vue respectée

Une gouvernance responsable doit respecter les différents points de vue, entendre les oppositions et préserver les instances de dialogue social qui participent de l’élaboration commune d’une politique universitaire.

  • Dans le cas d’un vote négatif lors d’un comité, d’un conseil ou d’une commission, nous proposons qu’un représentant puisse témoigner devant les membres du Conseil d’Administration des discussions qui ont eu lieu et des raisons pour lesquelles un refus s’est manifesté de façon majoritaire.
  • Par ailleurs, nous proposons qu’une lettre mensuelle – présentant les décisions prises par les conseils, les grandes orientations, les chantiers présents et à venir – soit diffusée par l’équipe présidentielle sur le site de l’université, et que les représentants des listes opposées, ainsi que les élus BIATSS et les élus étudiants, puissent disposer d’un espace d’expression.  Nous proposons donc que chaque lettre soit ouverte à des contributions des élus des autres listes, BIATSS, étudiants, ainsi qu’aux personnalités extérieures.

Enfin, dans le cas où les règles relatives au mode de réunion de certaines instances seraient modifiées, ce qui limiterait la représentation de certains acteurs-clés de la vie de l’établissement, il faut s’engager à ce qu’aucune exclusion ne soit pratiquée. Avec la nouvelle loi concernant la fusion du CT et du CHSCT, le rôle des syndicats risque de se trouver réduit. Nous dénonçons cette attaque qui, de l’avis de tous, augure d'une dégradation de la prise en compte des problématiques de santé, de sécurité, et des questions relatives aux conditions de travail. Nous mettrons tout en œuvre pour minimiser l’impact négatif de la réduction de la représentation des personnels, en garantissant aux membres du nouveau Comité Social d'Administration (CSA) une fréquence de réunion et une qualité d’écoute et d’échanges à même de garantir un réel dialogue social.